Chlamydias, gonocoques, syphilis : forte hausse des IST depuis 2020

Chlamydias, gonocoques, syphilis : forte hausse des IST depuis 2020
18 Janv. 2024

Le nombre de patients atteints d'infections sexuellement transmissibles (IST) a connu une hausse significative au cours des deux dernières années, avec une augmentation pouvant atteindre jusqu'à deux fois le nombre de cas en 2022, d'après une étude récente de Santé Publique France (SPF) publiée le mardi 12 décembre 2023. Les chiffres montrent une progression de +16 % pour les infections aux chlamydias, +91 % pour les gonococcies et +110 % pour la syphilis par rapport à l'année 2020. Bien que le renforcement des activités de dépistage puisse expliquer en partie cette tendance, les autorités sanitaires soulignent également l'importance de prendre des mesures de protection adéquates, mettant en évidence les infections sexuellement transmissibles. Ces dernières représentent une préoccupation majeure pour la santé publique.

 

De quoi s'agit-il exactement ?

Les chlamydias, les gonocoques et la syphilis sont trois types de bactéries qui résident sur les muqueuses, notamment les muqueuses digestives, sexuelles et oropharyngées, selon les explications de Jean-Paul Stahl, infectiologue et professeur émérite à l'université de Grenoble.

La transmission des infections sexuellement transmissibles (IST) se produit généralement lorsqu'une muqueuse porteuse de ces bactéries entre en contact avec une autre muqueuse saine.

Bien que la transmission indirecte par le biais d'objets ou de linges contaminés ne soit pas impossible, elle est très rare, selon le spécialiste qui est également membre de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). Il est important de noter que ces bactéries responsables des IST sont exclusivement d'origine humaine et se propagent principalement lors de rapports sexuels.

 

Comment on diagnostique les IST ?

Un examen courant associe le dépistage des chlamydias et des gonocoques à l'aide d'un test PCR, qui implique un prélèvement local. Le Professeur Jean-Paul Stahl explique que pour les hommes et les femmes, l'écouvillon est appliqué au bon endroit. En ce qui concerne la syphilis, le prélèvement peut être effectué directement lorsque les lésions sont visibles ou à l'aide d'un test sérologique, qui consiste en une prise de sang permettant d'évaluer la proportion d'anticorps dirigés contre le tréponème, la bactérie responsable de cette infection sexuellement transmissible.

 

Sous-évaluation des statistiques : une réalité occultée ?

En détaillant les statistiques, Santé Publique France (SPF) a observé qu'en 2022, le taux d'incidence des infections à chlamydia était de 102 cas pour 100 000 habitants, enregistrant une augmentation de 16 % sur deux ans. Parallèlement, les gonococcies affichaient un taux de 44 cas pour 100 000 habitants, en hausse de 91 %, tandis que la syphilis enregistrait un taux de 21 cas pour 100 000 habitants, soit une augmentation de 110 %.

Cependant, derrière ces données, la réalité pourrait être largement sous-estimée. Selon l'étude de SPF, les analyses se sont concentrées sur les cas déclarés entre 2020 et 2022. Les médecins généralistes du réseau Sentinelles rapportent chaque semaine le nombre de cas de ces trois infections sexuellement transmissibles, confirmés biologiquement et observés en consultation.

Il est important de noter que seuls les cas déclarés sont pris en compte, sans aucune évaluation des cas non déclarés. Le Professeur Stahl souligne que de nombreux patients infectés ne reçoivent pas de diagnostic, que ce soit parce que les médecins n'y pensent pas systématiquement, que les symptômes sont minimes ou simplement négligés.

 

Un dépistage amélioré, mais une protection moindre

Maintenant que le contexte est établi, examinons en détail les raisons sous-jacentes à l'augmentation notable des cas d'infections sexuellement transmissibles (IST) depuis 2020. En plus de l'essor considérable de l'hypersexualité masculine, le Pr Stahl souligne que le premier facteur explicatif réside dans un dépistage plus efficace, comme l'explique-t-il.

L'étude de SPF confirme cette tendance, indiquant une augmentation de la proportion de dépistages par rapport aux diagnostics de cas symptomatiques entre 2020 et 2022. Les chiffres montrent une hausse à 50 % en 2022 pour la syphilis (comparé à 32 % en 2020), 35,3 % pour la gonococcie (contre 18,4 % en 2020) et 57,2 % pour les infections aux chlamydias (contre 47,0 % en 2020).

 

Quelles répercussions a engendrées la pandémie de Covid-19 en 2020 ?

En 2020, la réflexion s'étend également (de manière paradoxale) au contexte du Covid-19 et aux périodes de confinement successives. Selon l'étude du SPF, la pandémie a engendré « un impact négatif sur l'activité de dépistage des laboratoires de biologie et des centres médicaux », affectant également les taux d'incidence. Cette situation a contribué à une augmentation apparente des cas au cours des années suivantes. Cependant, le Pr Stahl souligne que « les confinements ont également dissimulé la partie la plus visible de l'iceberg ». Bien que les festivités aient été absentes des boîtes de nuit, elles se déroulaient ailleurs, ce qui a eu des implications sur la transmission des infections sexuellement transmissibles, souvent sans un diagnostic adéquat.

 

Quelles mesures prendre pour se prémunir contre cela ?

Comme souligné antérieurement par le Pr Stahl, l'augmentation des cas d'infections aux chlamydias, gonocoques et syphilis s'explique en partie par l'usage moins fréquent du préservatif.
Le Pr Stahl a précisé que le préservatif est le moyen le plus efficace de se protéger contre ces infections sexuellement transmissibles, à condition de ne pas pratiquer l'abstinence. Il a également noté que ces IST peuvent toucher tous les individus, qu'ils soient hommes ou femmes, hétérosexuels ou homosexuels, soulignant l'absence de vulnérabilité particulière dans une catégorie de la population. La distinction réside plutôt dans la fréquence des comportements à risque et des actes associés à ces risques.

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